 C’est un livre très original que vient d’écrire Joseph Messinger. Cet écrivain et psychologue, auteur d’ouvrages à succès consacrés au langage gestuel à passé plus de six mois à l’assemblée nationale parmi les députés. Il a étudié chacun de leurs gestes, pendant les débats, lors des shows télévisés ou en réunions publiques. A la base de sa démonstration, il y a trois attitudes et trois questions : comment croisez-vous les doigts ?, comment croisez-vous les mains ?, comment prenez-vous le téléphone ? A l’aide de ces trois gestes, il discerne la véritable nature de chaque député.
On apprend ainsi qu’Henri Houdouin, le député de Laval, est un “narcissique”. C’est une catégorie assez rare parmi les députés. C‘est l’inverse de l’idéaliste. Il fonctionne avec la sensation, pas le sentiment. Plus que le suffrage universel, il aime ses fans, son clan. Il est parfois naïf et manie l’ironie (comme André Santini).
Marc Bernier, lui est un idéaliste. C’est la catégorie des perfectionnistes, épidermiques, fidèles, volontaires, trop souvent discrets ou secrets. C’est le groupe le plus nombreux à l’assemblée nationale mais il y a dans ce groupe peu de ténors connus à l’exception du professeur Roger Schwartzenberg ou de Jean-Marc Ayrault. L’idéaliste est aussi un râleur de première. Quand il n’est pas content, il le fait savoir Mais c’est un homme politique de tous les combats, très organisé, n’aimant pas les erreurs, les retards, les imprévues, jamais satisfait du résultat obtenu, affectueux, attentif et bénévole, sécurisant... L’homme en qui on peut avoir confiance.
Yannick Favennec fait partie des “tribaux”, un groupe où l’on retrouve pas mal de ténors de tous les partis : Christine Boutin, Marie-George Buffet, Laurent Fabius, François Hollande, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Khan, Dominique de Villepin. Que du beau monde ! Les “tribaux” sont des hommes de pouvoir, paternalistes, fusionnels, chefs de clan, hyperactifs, exclusifs, séducteurs de masse, un peu hypocrites, débrouillards, parfois bluffeurs. Le tribal a besoin d’un bon public pour briller.
Outre cette analyse un peu rapide mais souvent juste des députés, Joseph Messinger consacre la moitié de son livre à l’analyse en détail des gestes des candidats à la présidence de la République, de Hollande à de Villiers en passant par Arlette Laguiller, François Bayrou, Jacques Chirac et Jean-Marie le Pen. Toujours à partir des gestes familiers (croiser les jambes, sourire, se toucher le nez...) il examine les chances de chacun pour la prochaine élection présidentielle. On verra bien dans six mois s’il a visé juste.
Le livre est très original, et il peut aussi aider chacun à reconnaître chez lui les gestes qui le trahissent.
Joseph Messinger : “les gestes des politiques” Flammarion. 430 pages 15 €. |
